
Candidose mammaire et allaitement
Angela Howard, North Bucks, Grande Bretagne
Traduit en français par Isabelle Seroul, Fontenay-sous-Bois, France
Photo: Casey Geller
Au troisième bébé allaité, tout le monde pense que vous êtes une experte mais ce n’est pas toujours aussi simple que cela…
Après quelques problèmes de mise en route dans les premières semaines, tout allait bien. Puis lorsque mon bébé a eu quatre mois, j’ai commencé à avoir des douleurs après lui avoir donné le sein. Au départ, ce n’était pas très douloureux mais la situation a empiré.
Mon amie, animatrice de La Leche League, a pensé que c’était peut-être une candidose mammaire. Je ne savais pas que l’on pouvait avoir une mycose (muguet, candidose mammaire) dans le mamelon ou le sein.
Il peut être très difficile de se débarrasser d’une mycose. C’est une infection fongique provoquée par la prolifération d’une sorte de levure appelée Candida Albicans, qui est naturellement présente dans le corps, en équilibre avec d’autres organismes. Elle ne pose pas de problème sauf si quelque chose lui permet de se multiplier excessivement (maladie, antibiotique par exemple) provoquant une infection dont les symptômes sont douleur, démangeaison, irritation.
Le champignon se développe dans des environnements humides et sombres comme les mamelons, le vagin, la bouche et la zone sous la couche du bébé.
Je suis allée voir mon médecin qui m’a dit que c’était un problème de position, une situation courante au début de l’allaitement. Quand je suis retournée le voir une deuxième fois car il n’y avait pas d’amélioration, il m’a donné une crème antifongique pour mes mamelons qui n’a pas eu d’effet. La douleur était atroce, perdurant jusqu’à quatre ou cinq heures après l’allaitement. Dans les pics, c’était comme une contraction d’accouchement, je ne pouvais même plus parler, c’était comme si on me poignardait les seins.
Mon docteur a passé les mois suivants à me prescrire différentes crèmes, des antidouleurs, des antibiotiques, puis de nouvelles crèmes. Rien n’a fonctionné. Je partageais avec lui les documents de La Leche League. Amanda, mon animatrice de la Leche League, faisait tout ce qu’elle pouvait pour m’aider.
Finalement, je suis allée voir un médecin qui avait elle-même allaité ses enfants et elle m’a prescrit un antifongique sous forme oral, le fluconazole (Diflucan®). Cette solution est réservée aux cas de mycoses avérées et diagnostiquées lorsque les traitements locaux n’ont pas été efficaces. Bien qu’il soit utilisé sur les bébés en néonatalogie, le fluconazole n’est pas recommandé pour les mères allaitant des bébés de moins de six mois. Sa prescription est laissée à l’appréciation du médecin.
J’ai eu deux traitements, souvent en cas de mycose persistante un seul traitement ne sera pas suffisant. La douleur avait diminué mais elle était toujours là.
Je suis retournée voir mon médecin. Il m’a dit qu’il ne me prescrirait pas du fluoconazole et admis qu’il ne savait pas comment me traiter. Il était toujours persuadé que ce n’était pas une mycose. Mon seul symptôme cohérent était la douleur.
En désespoir de cause, j’ai décidé d’aller voir une consultante en lactation. A ce moment, la douleur était terrible et j’étais sur le point d’abandonner l’allaitement. Cela affectait mes autres enfants, il m’était très difficile de leur préparer leur petit déjeuner et de les préparer pour l’école lorsque je souffrais après avoir nourri mon bébé.
Cela faisait sept mois que la mycose était apparue.
La consultante en lactation m’a dit qu’elle pensait aussi que c’était une candidose mammaire. (Les chercheurs sont divisés sur le diagnostic et le traitement de la candidose mammaire. Certains pensent que la mycose ne peut pas se propager dans les canaux lactifères, mais d’autres pensent qu’elle y pénètre par les orifices sur le mamelon causant des douleurs lancinantes au bout des seins). Mon médecin me prescrivit un troisième traitement de fluoconazole et celui-ci fit enfin effet.
Je ne peux décrire à quel point il était déprimant et difficile d’allaiter jour après jour dans la douleur. Plus mon bébé grandissait, plus j’avais droit aux « Pourquoi n’arrêtes-tu pas si c’est douloureux ? ». Je me souviens d’avoir emmené mes aînés à une fête, d’y avoir allaité mon bébé, puis d’être allée me réfugier dans la voiture malgré le froid pour cacher ma douleur. J’ai tenu le coup parce qu’il m’est essentiel que mon enfant ait la meilleure alimentation, donc du lait maternel. Je suis très heureuse d’avoir persévéré.
J’ai partagé mon histoire car les médecins ne sont pas familiers des candidose mammaire. Il peut être difficile d’obtenir le bon traitement. J’ai eu le sentiment que les professionnels de santé étaient concernés par les avantages de l’allaitement seulement durant les premières semaines. J’étais déterminée à allaiter, c’était mon troisième bébé, alors j’avais de l’expérience. Je peux imaginer comme cela aurait été encore plus difficile pour une maman avec un premier enfant.
Avec un traitement approprié, les mères et leurs bébés peuvent surmonter la candidose mammaire et continuer l’allaitement. La mycose se propage facilement, une quadruple approche du traitement peut-être nécessaire impliquant une bonne hygiène, un régime alimentaire, des compléments nutritionnels et des médicaments.
Avec un traitement approprié, les mères et leurs bébés peuvent surmonter la candidose mammaire et continuer l’allaitement. La mycose se propage facilement, une quadruple approche du traitement peut-être nécessaire impliquant une bonne hygiène, un régime alimentaire, des compléments nutritionnels et des médicaments.
Si une candidose mammaire est diagnostiquée, afin de prévenir une récidive, la mère et l’enfant sont traités en même temps, même si l’un des deux n’a pas de symptômes visibles.
Je voudrais remercier Amanda, mon animatrice LLL, pour son aide et son soutien. Je n’allaiterais plus à 13 mois si elle n’avait pas été là.
Vous soupçonnez une candidose mammaire ?
Une mère peut avoir l’un des symptômes suivants :
- Sensation de brûlure au mamelon
- Démangeaison au mamelon
- Seins douloureux sans identifier de point sensible ou de masse douloureuse
- Peau desquamée ou brillante sur le mamelon ou l’aréole
- Sensations de coups de poignards dans les seins derrière l’aréole
Les démangeaisons et les brûlures sont probablement les symptômes les plus courants. Vos mamelons et vos aréoles peuvent aussi être plus pâles. La douleur peut persister pendant et entre les tétées et se répand généralement dans les deux seins même si elle n’a commencé que dans un.
La douleur seule dans la poitrine n’est pas forcément une mycose.
Parallèlement aux symptômes de la mère, son bébé peut avoir des taches blanches dans la bouche, être mal à l’aise pendant l’allaitement ou avoir un érythème fessier.
La mycose est plus fréquente si la mère ou le bébé ont été traités avec des antibiotiques, des corticostéroïdes, si d’autres membres de la famille en ont une ou si la mère est sous pilule contraceptive. La candidose mammaire est aussi associée avec d’anciennes lésions du mamelon. Dans les premières semaines, le fait d’utiliser des biberons augmente le risque.
Il est important d’éliminer toutes les possibilités avant d’envisager que vous souffrez d’une candidose mammaire. Pendant les premières semaines d’allaitement, la douleur sera plus probablement causée par une mauvaise prise de sein. Vérifiez et corrigez la position de votre bébé, la façon dont il tète surtout si l’allaitement a toujours été douloureux, si vos mamelons sont aplatis ou ont des angles (NDL : au lieu d’être bien ronds) après la tétée. Une animatrice de La Leche League peut vous aider à positionner votre bébé. Un professionnel de santé établira un diagnostique car d’autres affections présentent les mêmes symptômes. Dans tous les cas de douleur aux mamelons, demandez de l’aide à la fois à votre animatrice LLL et à votre médecin pour en déterminer la cause.